Suivi prolongé d’une cohorte de 98 sujets porteurs d’anticorps antiphospholipides asymptomatiques - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
Le risque thrombotique à long terme des sujets porteurs asymptomatiques d’anticorps antiphospholipides reste mal connu. L’indication d’une prophylaxie anti-thrombotique est toujours débattue. L’objectif de cette étude est de décrire le devenir à très long terme de sujets porteurs asymptomatiques d’anticorps antiphospholipides.
Patients et méthodes |
Parmi 103 patients porteurs d’anticorps antiphospholipides asymptomatiques dont le suivi jusqu’en 2005 a été publié précédemment, nous avons actualisé en 2014 les données de 98 d’entre eux. Ils avaient été dépistés positifs à deux reprises pour les anticorps antiβ2GP1 et/ou anticardiolipines et/ou un anticoagulant circulant, entre 1995 et 2000. Les données cliniques et biologiques de suivi ont été recueillies rétrospectivement de la date de la première consultation jusqu’en juillet 2014, par consultation des dossiers médicaux ou contact téléphonique avec le médecin traitant ou le patient.
Résultats |
La recherche d’anticorps antiphospholipides a été effectuée chez 42 patients dans un contexte de lupus, chez 20 patients devant la découverte fortuite d’une perturbation d’un test d’hémostase. Dans le reste des cas les patients consultaient pour des arthralgies, un purpura thrombopénique auto-immun ou d’autres maladies autoimmunes. La durée médiane de suivi était de 156 mois (72–204). Quatorze patients sont décédés pendant la période de suivi, mais, dans tous les cas, la cause du décès n’était pas liée à une affection cardiovasculaire. Durant le suivi, 28 patients ont présenté un événement thrombotique ou obstétrical. Le risque thrombotique était linéaire tout au long de l’étude : 2 % à un an, 11,5 % à 4ans ; 21 % à 8ans, 29 % à 14ans. On notait 14 événements artériels, 11 événements veineux et 3 événements obstétricaux. Huit patients vont récidiver au cours du suivi et dans la majorité des cas en l’absence d’anticoagulation efficace (aspirine seule ou non observance des AVK). Une négativation des marqueurs biologiques complète est observée chez 23 patients et aucun n’a présenté de thrombose avec une médiane de suivi pour ce sous-groupe plus prolongée de 192 mois. Il n’y avait pas de différence entre les patients qui ont présenté ou non une thrombose en terme de profil biologique initial ni de répartition des facteurs de risque cardiovasculaire. La persistance des anticorps au cours du suivi et la triple positivité pour ceux ci étaient significativement associés à la survenue d’une thrombose (p<0,05). En revanche la négativation complète des anticorps, la prescription d’antiagrégant et la durée de l’anti-agrégation étaient significativement associées à un plus faible risque thrombotique (p<0,05).
Conclusion |
Le risque thrombotique chez les patients porteurs asymptomatiques d’anticorps antiphospholipides persiste de façon stable et très prolongée dans le temps. La persistance d’au moins un des marqueurs biologiques au cours du suivi paraît être le principal marqueur de risque de survenue d’une thrombose. La prescription d’antiagrégant et surtout le maintien de celle-ci au long cours paraît diminuer efficacement ce risque.
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Vol 35 - N° S2
P. A59 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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